Internet s’est construit comme un espace de liberté que chacun s’attribue comme il le souhaite. Le web a aujourd’hui 25 ans, il s’est extraordinairement développé et a permis l’innovation. De grandes entreprises comme Google sont nées mais également de grands projets comme Wikipedia. Cependant, l’esprit de départ est en partie oublié. Les initiatives de partage se sont développées mais surtout la publicité, le traçage des données… Toutes ces choses qui font que l’utilisateur devient un peu le produit.
Les ordinateurs, Internet, le web ont aussi vu la naissance d’une génération, enfants d’Internet, qui sont nés avec cet esprit de partage, de remix, avec le code. C’est l’un de ces enfants d’Internet, Aaron Swartz, qui est présenté dans ce documentaire produit en 2014.

The Internet’s Own Boy : The Story of Aaron Swartz est un documentaire écrit et réalisé par Brian Knappenberger. Il nous raconte la vie d’Aaron Swartz, littéralement « enfant d’Internet », qui s’est suicidé le 11 janvier 2013.

Au travers des interviews de ses proches, ce film retrace les grandes périodes de sa vie : son importante contribution à 14 ans dans la création de la technologie RSS qui permet d’informer par un simple fichier des dernières mises à jour d’un blog ou d’un site, son apport technologique à Reddit, un site communautaire de partage de liens, il en sera un des cofondateurs, et bien évidemment, sa participation aux Creative Commons, un système de licences simplifiées, initié par Lawrence Lessig, précisant le type d’utilisation autorisé des œuvres sur Internet.
Ce documentaire retrace également la bataille contre SOPA/PIPA qui sont des projets de loi américains visant à lutter contre le piratage. L’opposition à ces projets de loi aura mobilisé un grand nombre d’internautes, mais aussi des sites web d’importance comme Google, Facebook, Twitter, Yahoo! et Wikipédia, qui interrompra son service pendant 24 heures.

En 2010, Aaron Swartz est poursuivi par la justice américaine pour avoir téléchargé l’intégralité de la base de données du JSTOR, une base de données d’articles scientifiques dont l’accès est payant, mais à laquelle le réseau du MIT (Massachusetts Institute of Technology) permet un accès gratuit. Dès son arrestation, il donnera les copies effectuées, sans que ses motivations ne soient connues, mais elles n’étaient probablement pas financières.
Pour ce délit sans réel conséquence, il encourrait 35 ans de prison et 1 million de dollars d’amende. Il n’y aura pas de procès puisqu’Aaron Swartz se suicidera le 11 janvier 2013.

Ce film montre que les lois et les systèmes judiciaires répondent actuellement par la répression comme dissuasion, ayant mal compris les ruptures, en terme d’échange, créées par les nouvelles technologies.

Dans ce documentaire, Aaron Swartz apparaît comme un génie, un touche-à-tout, un hacker, un militant ; quelqu’un qui croyait profondément à l’accès et au partage de la connaissance, du savoir. Il était comme le titre le dit si bien, un enfant d’Internet. Son histoire doit nourrir notre réflexion, nous faire prendre conscience de ce que devient Internet, nous interroger sur ce que nous souhaitons pour demain.

Ce film disponible sous licence Creative Commons est librement partageable, il peut être téléchargé sur archive.org. Des sous-titres en français sont disponibles ici.
Il peut également être visionné sur YouTube.

Photo : « Aaron Swartz at Boston Wikipedia Meetup, 2009-08-18 » by Sage RossFlickr: Boston Wiki Meetup (CC BY-SA 2.0)